Allemagne, 1919. La jeune république de Weimar devait lutter pour sa survie dès le début. „Une République sans républicains“ dit-on parfois. Il y avait peu de fervants républicains et leur situation était très difficile à vivre.
L’Assemblée nationale de Weimar
Les élections à l’Assemblée nationale constituante ont eu lieu le 19 janvier 1919. Pour la première fois, aussi les femmes ont pu voter. Le SPD est émergé comme la faction la plus forte et a formé une coalition avec le Parti du centre, le Parti populaire bavarois et le Parti démocratique allemande, la „coalition de Weimar“ de 1919.
Le 6 février 1919, l’Assemblée nationale s’est réuni à Weimar, donnant ainsi son nom à la première république allemande. Le 11 février, Friedrich Ebert (SPD) est élu Reichspräsident (président). Le 13 février, le gouvernement provisoire a attribué son pouvoir au premier gouvernement démocratique sous le chancelier Philipp Scheidemann.
Le 11 août 1919, la Constitution de Weimar est entrée en vigueur. On la considérait comme la plus libre du monde, et elle accordait cette liberté et ces droits même à ses plus féroces ennemis. Le président de la République élu pour sept ans par suffrage universel du peuple. Il a des larges pouvoirs dont celui de suspendre les droits fondamentaux des citoyens et d’autoriser le chancelier à gouverner par décrets-lois en cas de désaccord avec le Reichstag sur une loi (article 49). En outre, il est commandeur en chef des troupes, la Reichswehr.
Le Traité de Versailles
Pendant que l’Assemblée nationale débattait la constitution, les puissances victorieuses négociaient la paix à Paris. Le président américain Woodrow Wilson n’a pas réussi à mener à bien ses „quatorze points“, à savoir la paix sur la base du “ droit à l’autodétermination des peuples „, sans vainqueurs ni vaincus. Les conditions pour la paix étaient dures : l’Allemagne perdait de vastes territoires, elle devait payer des réparations très lourdes et réduire considérablement ses troupes. La Rhénanie serait démilitarisée et les troupes alliées d’occupation y resteraient pour une période de 5 à 15 ans. Surtout, l’Allemagne et ses alliés sont déclarés seuls responsables des dommages de la guerre.
En signe de protestation, le gouvernement de Scheidemann a démissionné. Cependant, aucun gouvernement de ces années n’avait d’autre choix. Le 28 juin 1919, le Traité de Versailles a été signé.
Des années de violence
Les extrémistes de droite montraient leur mépris pour la république de façon ouverte. Ils reprochaient aux républicains les conséquences dévastatrices de la défaite et les accusait d’être des „criminels de novembre“ et envoyait des escadrons de la mort.
Putsch de Kapp
En mars 1920, les troupes du général Walther von Lüttwitz ont occupé Berlin et installé Wolfgang Kapp, un fonctionnaire de l’extrême droite, comme chancelier du nouveau gouvernement. Dans l’empire du Kaiser, cela aurait été haute trahison, mais alors la Reichswehr a refusé d’intervenir. Cependant, les fonctionnaires à Berlin refusaient de prendre les ordres de Kapp, et les grèves générales paralysaient la capitale. C’est ainsi que le coup a échoué déjà quatre jours plus tard.
Armée rouge de la Ruhr
Dans la région de la Ruhr, qui n’avait pas été en paix depuis 1919, la grève générale s’était transformée en incendie. Une „armée rouge de la Ruhr“ s’est formé avec quelque 50 000 hommes armés. Soutenu par une grève des 300 000 mineurs, ils ont conquis la région entière. En vain le ministre de l’Intérieur, Severing, a lutté pour résoudre la crise sans violence. Enfin les troupes de la Reichswehr et des Freicorps (corps libres) ont écrasé la révolte, tuant même de nombreuses personnes blessées selon la loi martiale jusqu’à ce Reichspräsident Ebert les a arrêtés.
Pourtant, ces expériences traumatisantes ont laissé leurs traces. Aux élections de juin 1920, la “ coalition de Weimar „, donc des partis centre-gauche, a perdu sa majorité. Au cours des années suivantes, de nombreux cabinets de courte durée suivaient.
Assassins
Après l’échec du putsch de Kapp et Lüttwitz, le capitaine Ehrhardt dans la brigade du corps franc qu’il commandait, avait formé une organisation secrètes pour déstabiliser le système démocratique par des assassinats politiques. De nombreux anciens combattants du Freicorps l’ont rejoint
Matthias Erzberger, qui avait négocié l’armistice, était assassiné en 1921. Le 4 juin, 1922 Philipp Scheidemann a échappé à un attentat. Un an plus tard, le ministre des affaires étrangères Walter Rathenau a été assassiné. Le pays entier était en état de choc, et pour un moment, la colère et la douleur unissaient les gens, même les partis politiques.
L’année de crise 1923
Occupation de la Ruhr
En janvier 1923, des troupes françaises et belges ont occupé la région de Ruhr, car l’Allemagne était en retard dans le paiement des réparations. Alors le gouvernement allemand a appelé la résistance passive : on n’obéissait pas aux ordres des forces d’occupation, et des grèves générales paralysaient l’industrie, le gouvernement et le transport. Malheureusement, il y avait aussi de plus en plus des actes de sabotage et des attaques contre les forces d’occupation, plus de 100 personnes ont été tuées.
Pourtant, la résistance passive exigeait de grands sacrifices. Quelque 150 000 personnes étaient punies ou exilées, y compris quelque deux millions de personnes sans revenu. Les prestations payées à ces familles exigaient une énorme somme d’argent que la jeune république secouée par la crise ne pouvait pas régler.
Inflation
Le gouvernement du Reich n’a su s’aider qu’en émettant de l’argent frais. Pourtant, l’Allemagne se retrouvait dos au mur sur le plan économique. Pourtant, plus d’argent était en circulation, moins il valait, et l’inflation déjà présentw est devenu incontrôlable, à la fin les prix augmentaient plusieurs fois par jour.
En septembre 1923, la valeur du mark-or était en chute libre, l’économie était au plus mal. C’est irresponsable de maintenir la résistance passive, même si c’est une décision impopulaire. Face au désastre économique, le nouveau chancelier Dr Gustav Stresemann a appelé, en septembre 1923, à l’arrêt des actions de résistance passive et a décrété l’état d’urgence dans le pays entier.
La République Rhénane
Comme la situation dans les territoires occupés détériorait de plus en plus, les séparatistes devenaient plus radicaux. Plusieurs groupes se sont joints. En octobre, des séparatistes ont attaqué dans les villes d’Aix-la-Chapelle, de Bonn et de Coblence, proclamant ici la „République Rhénane“.
Le 25 octobre, les séparatistes ont „fait un raid“ sur Königswinter, comme l’a rapporté la presse locale. Ce choix d’expression est bien compris quand on se rend compte de ce qui s’est passé : des étrangers ont pénétré dans la ville, ont occupé la mairie sous la menace des armes et ont harcelé les citoyens … et tout cela sous la protection des militaires français. Les séparatistes se rendaient souvent dans les villages voisins pour réquisitionner de la nourriture ou, du point de vue des habitants, pour les voler. C’est pourquoi ils ont formé des groupes de défense. Le 15 novembre 1923, un combat a éclaté entre un groupe de séparatistes et les défenseurs du village, au cours duquel au moins 14 séparatistes et 2 villageois ont été tués. Finalement, la France et l’Angleterre ont convenu de mettre fin aux tendances séparatistes. Le 28 décembre 1924, la „République Rhénane“ a cessé d’exister.
En 1923, la jeune république connaît sa pire crise. En automne, il n’était pas certain qu’il survivrait à l’année de crise. L’économie était en ruine. En octobre, le gouvernement SPD/KPD de Saxe a été renversé par la Reichswehr, puis la police de Hambourg a réprimé un soulèvement communiste. En novembre, Hitler et Ludendorff ont organisé un coup d’État à Munich.
Le 23 novembre, le chancelier Stresemann a dû démissionner. En tant que ministre des affaires étrangères, il a été membre de tous les gouvernements jusqu’à sa mort en 1929.
Cinq ans de stabilité
Les années suivantes permettaient à la jeune république de rétablir un peu l’économie et la stabilité politique. Un comité international a mis en œuvre le plan Dawes pour régler le paiement des réparations. L’Allemagne obtenait des crédits de l’étranger et le droit des alliés aux sanctions était limité. Ainsi, l’économie allemande se rétablissait peu à peu. On faisait aussi beaucoup pour les gens : l’assurance-chômage, une journée de travail de huit heures, une meilleure protection pour les jeunes mères au travail, des congés payés, des logements, éducation et d’autres bienfaits.
L’ère Briand-Stresemann
Les accords de Locarno, signés en octobre 1925, ont ouvert la voie au rapprochement franco-allemand. L’Allemagne a accepté la frontière occidentale et de maintenir la Rhénanie comme une zone démilitarisée. À partir de juillet 1925, les troupes françaises se retiraient de la Ruhr. En 1926, l’Allemagne a rejoint la Société des Nations. La même année, Briand et Stresemann ont reçu le prix Nobel de la paix.
Pourtant, ni tous les Allemands ni tous les Français n’étaient prêts à un accord politique. Briand et Stresemann étaient violemment critiqués dans leurs pays et, peu après, Briand a été remplacé par Poincaré. Aux élections générales au Reichstag en 1928, le Parti national du peuple allemand (en allemand : Deutschnationale Volkspartei, abrégé en DNVP), a devenu le deuxième plus fort parti après une campagne contre le traité de Locarno.
Dérive vers la droite
Après la mort du Reichspräsident Friedrich Ebert en 1925, le peuple allemand a élu le maréchal Hindenburg, vainqueur de la bataille de Tannenberg en 1916. Il représentait la tradition nationale conservatrice, et pour beaucoup de gens, en particulier les troupes, Hindenburg était un „substitut d’empereur“.
Le déclin
Il faut souligner que c’étaient les crédits de l’étranger qui ont rendu la reprise économique des années 1924-29 possible en premier lieu. Pourtant, ceux-ci étaient surtout à court terme et pouvaient être appelées à tout moment. En outre, une grande partie des obligations étrangères était retournée à l’étranger sous forme d’intérêts, de remboursements et de réparations. La reprise ne s’autofinançait pas.
La crise économique mondiale
Le 25 octobre 1929, la bourse de Wall Street à New York a connu un grand krach. Elle s’est rapidement transformée en crise économique mondiale et a entraîné dans l’abîme tout le monde non soviétique. En Allemagne, la crise économique mondiale a entraîné un chômage de masse et un appauvrissement.
Les Nazis au Reichstag
Alors les extrémistes devenaient de plus en plus forts, y compris Adolf Hitler et son mouvement national-socialiste. Lors des élections de 1930, les nazis sont devenus le deuxième plus grand parti au Reichstag, et dans les rues, ils terrorisaient leurs opposants. Le mouvement était antisémite, anticommuniste et a fait des plans pour abroger le système démocratique.
La fin de la démocratie
A cette époque, la démocratie parlementaire déjà n’existait plus. La dernière coalition de partis démocratiques s’était rompue en 1928. Alors Reichspräsident Hindenburg a nommé Heinrich Brüning du Parti du centre chancelier. Comme il n’avait pas de majorité au Reichstag, il gouvernait par des décrets-lois promulgués par Hindenburg. L’Allemagne est plongée dans une récession grave et Brüning a opté pour une politique de déflation. Pourtant, la situation est devenue de plus en plus dramatique.
En outre, Brüning avait des ennemis puissants dans l’entourage de Hindenburg, et le 30 mai 1932 il doit démissionner. Franz von Papen, un ardent conservateur, a été nommé chancelier.
„Coup contre l’état de Prusse“
Tout au long des années de la République de Weimar, l’État libre de Prusse était un pilier de la démocratie. En Prusse, les groupes paramilitaires de Hitler, la Sturmabteilung (SA ) et la Schutzstaffel (SS), le Stahlhelm et d’autres groupes extrémistes étaient interdits, et les extrémistes étaient exclus du service public. Le gouvernement prussien social-démocrate avait des ennemis puissants. Sous prétexte qu’il ne pouvait plus maintenir l’ordre public, le chancelier von Papen a lance un décret-loi le 20 juillet 1932 qui a mis fin au gouvernement démocratique et s’est installé comme commissaire du Reich pour la Prusse. De facto, l’État de Prusse n’existait plus.
La chancellerie de Hitler
Lors des élections en juillet 1932, les nazis sont devenus le parti le fort au Reichstag. Le 30 janvier 1933, sous la pression de l’ancien chancelier Franz von Papen et d’autres conservateurs, le président Hindenburg a nommé Hitler chancelier d’une coalition de nazis et des conservateurs.
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Références
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- Weimar, Vereidigung Eberts, 1919, Atrribution Bundesarchiv, Bild 146-1978-042-11 / Sennecke, Robert / CC-BY-SA 3.0
- Kapp-Putsch, Brigade Ehrhardt. Berlin, Attribution Bundesarchiv, Bild 183-H25109 / CC-BY-SA 3.0
- Dortmund, Hauptbahnhof, Attribution Bundesarchiv, Bild 102-00025 / CC-BY-SA 3.0
- Inflation, Käuferschlange vor Lebensmittelgeschäft „Butter-Handlung“ der Gebrüder Groh, Hoflieferanten, Attribution Bundesarchiv, Bild 146-1971-109-42 / CC-BY-SA 3.0
- Berlin – demolierte Schaufenster des Warenhauses Wertheim, Oktober 1930, unbekannt. Attribution Bundesarchiv, Bild 102-10561 / CC-BY-SA 3.0.
- Berlin, SA-Aufmarsch am Brandenburger Tor, Heinrich Hoffmann, 1933. Attribution Bundesarchiv, Bild 137-048390 / CC-BY-SA 3.0
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